Le QI n’est pas si important


Les gens oublient trop souvent que les tests de QI ne durent pas aussi longtemps. En effet, de telles mesures psychologiques n’ont que cent ans environ. Les premières versions parurent en France avec les travaux d’Alfred Binet et de Théodore Simon en 1905. Cependant, ces tests ne sont pas associés au génie tant que la mesure n’est pas passée de la Sorbonne à Paris à l’Université Stanford en Californie du Nord. Là, le professeur Lewis M. Terman l’a fait traduire du français en anglais, puis normalisé sur un nombre suffisant d’enfants, pour créer ce que l’on appelle désormais l’échelle d’intelligence de Stanford-Binet. Cela se passait en 1916. À l’origine de ces tests, il fallait établir un diagnostic afin de sélectionner les enfants les plus en bas de l’échelle de l’intelligence qui auraient peut-être besoin d’une éducation spécialisée pour suivre le programme scolaire. Mais alors, Terman a eu une idée brillante: pourquoi ne pas étudier un large échantillon d’enfants dont les résultats se situent en haut de l’échelle? Mieux encore, pourquoi ne pas suivre ces enfants au fur et à mesure qu’ils passent dans l’adolescence et l’âge adulte? Ces enfants surdoués intellectuellement deviendraient-ils des adultes de génie? Terman a soumis des centaines d’écoliers à son test de QI inédit. De toute évidence, il ne voulait pas d’un échantillon si grand qu’il serait peu pratique de suivre leur développement intellectuel. Prendre les 2% les plus riches de la population donnerait clairement un groupe deux fois plus important que le 1% les plus riches. De plus, un groupe moins sélectionné pourrait être moins enclin à devenir des génies. Alors pourquoi ne pas attraper la crème de la crème? Le résultat fut un groupe de 1 528 garçons et filles extrêmement intelligents qui avaient en moyenne 11 ans. Et dire qu’ils étaient «brillants» est un très grand euphémisme. Leur QI moyen était de 151, dont 77 déclarant un QI compris entre 177 et 200. Ces enfants ont été soumis à toutes sortes de tests et de mesures supplémentaires, de manière répétée, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge moyen. Le résultat fut la monumentale étude génétique du génie, cinq volumes parus entre 1925 et 1959, bien que Terman soit mort avant le dernier le volume est sorti. Ces personnes très intelligentes sont encore à l’étude aujourd’hui, ou du moins le petit nombre encore en vie. Ils sont aussi devenus affectueusement connus sous le nom de «Termites» – une contraction nette de «Termanites».


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