Révolutionner l’industrie


Dans la période de clair-obscur où nous nous trouvons, la transformation de notre système productif doit s’enclencher. Pour réussir, il est nécessaire de prendre en compte la transformation du travail, les besoins nouveaux en qualifications, en formations et l’aspiration de la société à élaborer démocratiquement les choix indispensables. L’industrie doit être entendue au sens large, tenant compte de l’imbrication de plus en plus forte avec les services qui lui sont associés nécessairement. Comme le rapport l’a souligné, les services tendent à s’industrialiser en adoptant des processus de création de valeur inspirés du modèle industriel, tandis que les entreprises industrielles développent des modèles économiques reposant non seulement sur la production de biens manufacturés mais aussi sur la commercialisation de biens et services associés. Si ce développement de services a été poussé par la volonté d’externaliser des parties du processus de production, il a été dans certains cas la conséquence d’un choix stratégique favorable au développement de l’économie de l’usage. Cet avis se distingue des approches traditionnelles de l’industrie. Il ne traite pas du sujet précisément par type d’entreprise ou par secteur, mais il envisage l’industrie en tant que système productif global, qui lie les filières industrielles entre elles, partant des écosystèmes territoriaux composés de tou.te.s les acteur.rice.s impliqué.e.s et concerné.e.s, jusqu’à l’échelon européen, indispensable pour penser le développement dans la mondialisation actuelle. Le système productif se compose d’un réseau d’entreprises, qui sont avant tout des communautés humaines de travail partageant à des degrés divers un projet. Ce sont ces entreprises, et particulièrement les plus grandes d’entre elles, telles les multinationales, qui rythment et cadencent ce projet en développant un imaginaire et une vision culturelle. Cela nécessite de s’attacher particulièrement à l’examen de leur stratégie. En effet, certaines entreprises deviennent plus puissantes que les États. Elles produisent non seulement des biens et des services, mais de la connaissance, une vision du monde et des représentations de l’avenir. Cela explique, au-delà des justifications économiques, sociales et environnementales immédiates, pourquoi la question du devenir de l’industrie, est cruciale. Le devenir de l’industrie est caractérisé par le temps long. Ce temps long doit être mis à profit pour envisager et maîtriser l’avenir de manière partagée, collective et démocratique. Ce processus doit aboutir à la mise en œuvre d’une vision stratégique animée par l’intérêt général, source de responsabilité, de volonté et d’action politiques pérennes.


No Comments, Comment or Ping